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Le zoo peut-il changer les comportements de protection de la nature ?

Sciences participatives

Lors d’une visite récente au parc zoologique de Paris, une famille s’extasiait sur une minuscule souris grise jouant à cache-cache dans les fourrés à deux pas des babouins jouant et sautant d’un rocher à l’autre. Etait-ce parce qu’elles étaient dans un zoo que ces personnes prenaient le temps d’observer la souris ?

Déconnexion

Lentement mais surement, les enfants sont de plus en plus déconnectés de la nature. Je vous en ai déjà parlé là avec les films Disney. Mais une nouvelle étude publiée en 2016 (ici) montre que le phénomène est loin d’être banal.

Résultats issus de M. Soga and K. J Gaston, 2016 

Reconnexion

Et si les zoos permettaient de rétablir un lien (relire Observer la nature, un premier pas pour la protéger) ? Voire d’initier un comportement pour la conservation de la nature ? C’est à ces questions que s’est attelée Agathe Colleony, jeune chercheuse au laboratoire Cesco pendant son doctorat, tout juste soutenu en octobre 2016.

 Les zoos, des facilitateurs ?

Agathe a travaillé dans trois zoos différents du Muséum national d’Histoire naturelle : la Ménagerie du Jardin des Plantes, le Parc zoologique de Paris et la Réserve de la Haute Touche localisée dans le département de l’Indre.

Sons et lumière

« Dans un zoo, que percevons-nous ? » s’est-elle demandée. Ne voyons-nous que les espèces exotiques ? Ou y-a-t-il une petite place pour la souris grise ? Et puis, qu’entendons-nous ? Les cris des babouins ?

Parc zoologique de Paris © Agathe Colleony | MNHN

Une balade au zoo comme une balade à la campagne

D’après les résultats d’Agathe, il est clair que peu de personnes s’amusent à regarder la souris grise ou le pigeon. Visuellement, les animaux exotiques sont les grands attracteurs. En revanche, le zoo est considéré comme un milieu ni très naturel comme la forêt, ni très aménagé comme les parcs et jardins. Il est plutôt entre les deux, comme la campagne.

Le zoo pour se déconnecter de la ville

Pour ce qui est des sons, Agathe montre que les visiteurs distinguent ceux des espèces communes qui déambulent dans le zoo au milieu des cris exotiques des perroquets. Comme si la comparaison des deux engendrait une attention à l’ordinaire, à ce qui est proche. Et chose intéressante, les sons participent au sentiment d’être loin de la ville, de s’échapper d’un environnement urbain….

Parc zoologique de Paris © Agathe Colleony | MNHN

Mais le zoo ne reconnecte pas

En revanche, après avoir questionné des visiteurs de zoos et de parcs urbains, Agathe s’est rendue compte que l’un et l’autre n’agissent pas sur leur sentiment d’être connecté à la nature. La préoccupation des visiteurs face à la biodiversité est cependant nettement plus importante au zoo. Surtout chez ceux qui considèrent déjà que la nature fait partie de leur identité.

Parrainer une espèce pour conserver ?

Ce dernier résultat laisserait ainsi penser que les visiteurs des zoos agissent plus facilement – par exemple en donnant de l’argent – en faveur des espèces menacées. Pour étudier cela, Agathe a recherché le montant donné pour chaque espèce à parrainer du Parc zoologique de Paris.

Girafe © © Barry Tetchner | Flickr

Vous êtes plutôt girafe ou mygale ?

Et elle a découvert que ce n’est pas le statut d’espèce en danger qui pousse les personnes à donner de l’argent mais plutôt sa popularité charismatique : la girafe est bien plus parrainée que la mygale. En revanche cette dernière récolte à chaque donation une somme en moyenne plus élevée que la girafe, qui récolte beaucoup de petites donations ! Si bien qu’Agathe suppose que les personnes donnant de l’argent pour parrainer les espèces les moins charismatiques sont aussi les plus engagées dans la protection de la nature.

Et qui donnerait pour la souris grise ?

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Lisa Garnier, le lundi 21 novembre 2016

Contact : lgarnier@mnhn.fr

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