Deux ans que BirdLab existe (lire là et là), deux ans que les participants nous font part du comportement hivernal des oiseaux sur leurs deux mangeoires identiques installées dans leurs cours et jardins.
Plongeon dans les chiffres
Cette année, c’est Chloé Duffaut, étudiante à l’Université Paris Sud, qui sous la direction de la chercheuse d’AgroParisTech Carmen Bessa-Gomes, a mis le nez dans les milliers de lignes et multiples colonnes de chiffres et de codes de la base de données de BirdLab.
Avec une question
« Chloé a d’abord cherché à comprendre ce qui fait varier les communautés d’oiseaux dans les jardins » m’a expliqué Carmen, « parce qu’avant de pouvoir étudier les relations qu’entretiennent les oiseaux entre eux sur les mangeoires, nous devons comprendre les facteurs qui influencent ces communautés, notamment le rôle du contexte paysager. » Par communauté, Carmen veut parler de groupes d'espèces différentes.
Sa méthode
Chloé a retenu 9 340 protocoles pour les analyses dont 4 767 ont été réalisés lors de la première saison de BirdLab et 4 573 lors de la deuxième saison. Pour chacune des paires de mangeoires, elle a recherché dans un rayon de 500 mètres la présence de terres agricoles, urbaines (on dit artificialisées dans le jargon scientifique), de forêts et de milieux naturels, enfin de zones humides et de surfaces en eau.
La richesse en espèces moyenne
Ensuite, grâce à des modèles statistiques, elle s’est plongée dans ce qui fait varier la richesse en espèces d’oiseaux. Globalement, les participants observent moins de 10 espèces sur leurs mangeoires, la moyenne étant de 3,362 espèces. Certains chanceux ont pu recenser 25 espèces différentes mais il arrive qu’une seule espèce soit observée lors des cinq minutes de jeu.
7% de surface bétonnée autour des mangeoires suffisent pour réduire le nombre d’espèces
Voici l’un des principaux résultats de l’étude de Chloé (y’en aura d’autres). Il est représenté sous la forme d’un arbre généalogique. Un arbre un peu spécial puisqu’il se lit de haut en bas. A chaque séparation des branches de l’arbre correspond un facteur (du plus fort au moins fort) qui explique ce qui fait varier le nombre d’espèces sur les mangeoires.
Les moyennes du nombre d’espèces sur les mangeoires sont indiquées à l’extrémité des branches de l’arbre © Carmen Bessa-Gomes
Ainsi, peut-on lire que le premier facteur influant est l’urbanisation : des mangeoires entourées par plus de 7% de terrains bétonnés ont un nombre d’espèces bien inférieur qu’à la campagne. J’ai fait le calcul : 7%, cela représente une surface bétonnée de 5,5 hectares environ (plus de sept terrains de foot). C’est déjà beaucoup.
7% de surface bétonnée mais avec un peu d’agriculture, c’est mieux
« Le résultat le plus intéressant se situe complètement à gauche de l’arbre » m’a cependant expliqué Carmen. « La présence, ne serait-ce qu’un peu de milieu agricole en zone urbaine fait significativement augmenter le nombre d’espèces d’oiseaux. C’était un résultat attendu mais on n’avait jamais réussi à le montrer. Grâce à BirdLab, nous le mettons en évidence ! C’est très prometteur. »
La suite ?
« La suite logique sera d’étudier quelles sont les espèces observées dans ce type de situation. On peut supposer que ce sont surtout des granivores par exemple. Cela implique que les interactions entre les espèces sont probablement différentes sur les mangeoires en fonction du contexte paysager. »
Pinson des arbres © Ophélie Ricci-Alloitteau
Vous remarquerez aussi qu’à la campagne, le nombre d’espèces d’oiseaux varie selon le type de mangeoire utilisée par les participants : on en parle dans un prochain post.
Préparez vos mangeoires pour une troisième saison BirdLab ! Début des festivités le 15 novembre 2016.
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Lisa Garnier, le lundi 26 septembre 2016
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Venez découvrir l'Observatoire Oiseaux des Jardins à l'Harmas dans le Vaucluse à Sérignan du Comtat le dimanche 09 octobre avec Florence Devers de Vigie-Nature.