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helix pomatia@Guidoflickr.jpg

Les escargots, des voyageurs immobiles

Sciences participatives

L’escargot est un casanier. Les voyages, très peu pour lui ! Son mur, son potager et c’est très bien comme ça. Dans un article scientifique russe, j’ai pu trouver les distances maximales que parcourent diverses espèces du monde entier (là)

Même les plus gros n’aiment pas se balader

Ce sont bien deux espèces géantes, l’une africaine (l’escargot géant d’Afrique) et l’autre australienne (l’escargot panda géant), chacune proche de 10 cm de long, qui sont capables de parcourir la plus longue distance en une journée : 30 mètres pour la première, 14 mètres pour la seconde. 

L’intrépide escargot de Bourgogne

Parmi les escargots des jardins (ici la fiche des espèces d’Opération Escargots), j’ai trouvé dans la liste de l’article russe, trois références concernant l’escargot de Bourgogne (Helix pomatia). Ce débonnaire semble se déplacer de 4 mètres au maximum par jour ! Avec une moyenne de 80 centimètres. Mais au cours d’une période de cinq mois, sa distance de déplacement peut atteindre 50 mètres.

Helix pomatia © Paul Angerer | Flickr

Pourtant, les escargots ont réussi à traverser des océans !

« Au cours des temps géologiques, les escargots ont colonisé jusqu’aux îles les plus isolées du Pacifique, où vivent aujourd’hui des espèces endémiques. Pourtant, les individus sont très casaniers » m’a confié Benoît Fontaine, responsable du pôle naturaliste de Vigie-Nature. Comment expliquer ce paradoxe ?

Les escargots s’embarquent dans des aventures extraordinaires

La clé de leur dispersion sur de longues distances serait d’utiliser des moyens de transport, aérien ou aquatiques. On suppose que certaines îles ont été colonisées en empruntant des radeaux de végétation dérivant. Les animaux volants sont également sollicités : l’escargot ne différencie pas une branche d’arbre, d’une patte d’un oiseau par exemple. « Des escargots ont été retrouvés sur des pattes de canards » m’a dit Benoît. Plus anecdotique, sur une libellule (ici en page 33). Et puis aussi par le tube digestif des oiseaux….

Voyage dans un intestin

Des chercheurs Tchèques viennent en effet de publier (ici) les résultats de leurs expériences réalisées avec trois espèces d’escargots : la Clausilie septentrionale (Alinda biplicata), le fuseau commun (Cochlodina laminata) et le bouton commun (Discus rotundatus). Ces trois espèces ont été au menu d’oiseaux blessés en cours de guérison (pies, étourneaux, corneilles…). Et certaines sont passées au travers de leurs tubes digestifs sans encombre, ressortant vivant après un périple de quelques heures…

Canard Colvert © Patryk Osmola | Flickr

Papillifera papillaris © Brian | Flickr

Les escargots dans les valises

« C’est probablement les humains, qui les font voyager le plus » suppose Benoît. En témoigne, l’étude d’Olivier Gargominy du Service du Patrimoine naturel au Muséum national d’Histoire naturelle. En 2009, il partait sur les traces du spécialiste des escargots, Georges Coutagne, qui avait découvert une nouvelle espèce, la Clausilie romaine, sur les arènes de Nîmes en 1903. Rappelons que cette espèce ne vit que dans la chaîne de montagne des Appenins en Italie… « 100 ans après Georges Coutagne, nous avons bien retrouvé l’espèce localisée dans les murs » m’a dit Olivier. « Mais pour être vraiment sûr qu’elle a été introduite à l’époque romaine lors de la construction de l’amphithéâtre, il faudrait étudier les couches géologiques locales datant de 2 000 ans ou alors faire des études de génétique ».

Des espèces renommées pour leur épopée

Il existe d’autres histoires de ce type. Celle de la Perlée commune, Papillifera papillaris, introduite dans un manoir en Grande Bretagne à partir d’une balustrade de la villa Borghèse à Rome en 1896 et sur l’ile de Brownsea via l’import de pierres en provenance de Grèce en 1880.

La balustrade où vit la Perlée commune en Grande Bretagne © National Trust

 

 

Helix pomatia © Dorota Szeszko | Flickr

L’escargot de Bourgogne cache bien son jeu

Pour revenir à l’escargot de Bourgogne de nos jardins, son origine est turque. Benoît m’a expliqué que dans les fouilles archéologiques, aucune trace de cet escargot n’a pu être retrouvée avant 2000 ans, alors qu’on trouve beaucoup d’autres espèces d’escargots. Ce qui laisse penser que c’est bien les populations humaines qui l’ont importé en Italie, en Grande Bretagne et en France (ici un article en anglais sur l’évolution de sa répartition géographique en Europe).

Pour conclure, les escargots de votre jardin aiment y rester !

C’est donc le bon moment d’installer une planche abri pour participer à l’Opération escargot ou utiliser l’application gratuite Malaco-fr (sur google play) pour déterminer toutes les espèces de votre jardin et d’ailleurs.

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Lisa Garnier, le lundi 06 juin 2016

Pour s'abonner au blog, cliquer sur lgarnier@mnhn.fr

! Un grand merci aux photographes ayant accepté de publier leurs photographies sur le blog ! Guido pour sa photo d'ouverture, sa page Flickr est ici.  

! Les plus !

Il y a davantage de mollusques recensés comme éteints dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) que de vertébrés terrestres, mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens réunis ! Un article publié en 2015 (ici) estime que 7 % des espèces d’escargots terrestres auraient déjà disparu dans le monde… Il existe 420 espèces d’escargots terrestres en France !

 

→ Comment faire pour dégouter les escargots de vos salades ? Etaler de la cendre ! Trois lycéens du Lycée Marcelin Berthelot à Toulouse ont travaillé sur l’évitement de la cendre par les mollusques. Leurs travaux sont à découvrir sur leur site internet L’odyssée d’un mollusque ici.

 

 © Anne Dozières | MNHN

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